lundi 12 avril 2010

"La Dolce Vita" de Fellini, ou Splendeurs et Décadence dans la ville de Rome...







Le premier article de ce blog parle d'un chef d'œuvre du cinéma, certes reconnu et incontesté, mais qu'il sera toujours bon de redécouvrir pour chaque nouveau cinéphile. En effet, Fellini pousse peut-être l'art cinématographique vers ses derniers retranchements, flirtant avec un idéal : celui de l'image pure, tenant pour ainsi dire seule, porteuse de sens jusqu'à l'infini. Et dans la Dolce Vita, l'image parle de tout, ou presque : l'ambition du personnage principal, le refuge dans la futilité et le luxe, comme réponse à la mort; la débauche et la décadence d'une classe sociale, l'aristocratie romaine. Des thèmes très Pascaliens au final, qui se font l'écho d'une psyché en proie à des fantasmes : celle de Fellini lui-même.

La dolce vita est sorti en 1960, puis s'est vu récompensé d'une Palme d'or à Cannes, entraînant de fait une polémique vive, puisque le propos est jugé scandaleux. Jugez du peu ! ( tout en gardant à l'esprit le changement des mœurs depuis ) Nous assistons aux frasques sentimentales d'un journaliste nommé Marcello, que nous qualifierions aujourd'hui de people, et qui est joué par le divin Marcello Mastroianni. Celui-ci, volage et séducteur, aspire d'autre part à quitter le monde des paparazzi ( à noter que ce terme provient de ce film) pour celui de l'intelligentsia Italienne. Quant à l'arrière-plan, il se compose d'une aristocratie qui s'accoquine gentillement, en témoigne la séance d'effeuillage d'une récente divorcée, scène jugée trés osée en son temps.

Mais, me direz-vous, qu'est-ce qui fait le charme, l'intérêt profond de ce film ? Pour ma part, je répondrais qu'il se regarde à plusieurs échelles. Tout d'abord, nous assistons à la description sociale, celle de l'Italie d'après-guerre, ainsi que celle du pouvoir naissant des médias. C'est tout un contexte qui est évoqué par ce film, tel que l'angoisse du fin proche de l'humanité, ressentie par l'un des amis de Marcello, mais surtout l'essor cinématographique de Rome, deuxième ville du cinéma mondial aprés Hollywood en raison des studios de la Cinecitta. La Via Veneto, lieu de rencontres des stars mondiales avec le ghota de Rome, est dés lors le cœur de ce film. Enfin, ce sont bien sur les grands symboles de Rome qui apparaissent : la Fontaine de Trévi, cadre d'une des plus célèbres scènes de l'histoire du cinéma; mais également les marques nationales comme les scooters Vespa, les voitures Fiat. Au final, Fellini questionne l'identité d'une nation, le rapport entre passé, présent et futur.







Ce thème nous amène vers un autre aspect du film : la dimension onirique propre à toute existence. En effet, le spectateur est convié à un rêve de trois heures sur l'écran, et devient témoin d'évènements qui le dépassent. Cérémonies dans des châteaux, ou encore danses diablesques, qui illustrent l'attrait de l'inconnu, le balancement humain entre la mort et la vie, La Dolce Vita est un film profondément baroque, dans son esthétisme autant que dans ses thèmes ( pour autant que les deux peuvent être séparés, ce dont rien n'est moins sur). La dernière heure devient par conséquent magistrale, en ce qu'elle transfigure la notion de réel en art et la transforme en réceptacle des rêves de Marcello, véritable double du réalisateur Fellini

Ajoutez-y une musique inoubliable de Nino Rota ( si si, tout le monde connaît cet air sans même pouvoir l'identifier précisément !), une élégance folle, et cela donne un film génial.





Inutile de dire que j'ai adoré...



lien pour la musique :

http://www.youtube.com/watch?v=9oHzAQ-lJCM




Titre original : La Dolce Vita

Réalisateur : Federico Fellini

Sujet: Federico Fellini, Tullio Pinelli et Ennio Flaiano

Scénario : Federico Fellini, Tullio Pinelli, Ennio Flaiano, Brunello Rondi, Pier Paolo Pasolini (non crédité)

Musique : Nino Rota

Durée : 172 min

Dates de sortie :
5 février 1960 en Italie
11 mai 1960 en France

Distribution [modifier]

Marcello Mastroianni : Marcello Rubini
Anita Ekberg : Sylvia
Anouk Aimee : Maddalena
Yvonne Furneaux : Emma

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